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Réduction des dommages associés à la consommation d’alcool


23 juillet 2021

L’alcool était la 7ème cause de perte d’années de vie en bonne santé dans le monde en 2016, et aussi la première cause d’hospitalisation en France. / photo Phovoir / 

 

La consommation d’alcool est un facteur de risque majeur pour la santé. Cette consommation est impliquée directement ou indirectement dans la survenue d’une soixantaine de maladies. En France, on compte près de 43 millions de consommateurs d’alcool. Face aux conséquences sanitaires, sociales et financières que cela implique, la Direction Générale de la Santé et la Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives ont sollicité l’Inserm pour dresser un état des lieux des dommages liés à l’alcool et formuler les pistes de recherche et d’actions pour les réduire. Un groupe d’experts réunis par l’Inserm dans le cadre de la procédure d’expertise collective, publie un rapport concernant la réduction des dommages associés à la consommation d’alcool. Il y est notamment question des stratégies de prévention au niveau de la société. Il s’appuie sur les données issues de la littérature scientifique disponibles au premier semestre 2020.

 

 

L’Inserm a coordonné une expertise collective afin d’établir dans un premier temps une analyse critique des dernières connaissances scientifiques en la matière et dresser des constats. Dans un second temps, le groupe d’experts a émis des recommandations visant à réduire les risques et les dommages sur la santé liés à la consommation d’alcool. Près de 3 600 documents ont été rassemblés et concernent un éventail de disciplines variées telles que la recherche clinique, marketing social ou encore la sociologie.

 

La consommation d’alcool, première cause d’hospitalisation en France

En France, des niveaux élevés de consommation touchent à la fois les jeunes et les séniors. Expérimentée pour la première fois à l’adolescence, la consommation d’alcool devient régulière (10 fois ou plus/mois) pour 8 % des jeunes de 17 ans, tandis que 40 à 50 % d’entre eux déclarent avoir au moins une alcoolisation ponctuelle importante (5 verres ou plus en une seule occasion) mensuelle. Chez les adultes, la consommation moyenne par jour est de 27 g d’alcool pur par personne (soit près de 3 verres).

L’alcool était la 7ème cause de perte d’années de vie en bonne santé dans le monde en 2016, et aussi la première cause d’hospitalisation en France. La mortalité attribuable à l’alcool, plus élevée en France qu’ailleurs en Europe, est de 11 % des décès pour les hommes et 4% pour les femmes chez les 15 ans et plus, soit 41 000 décès (30 000 chez les hommes et 11 000 chez les femmes derniers chiffres datant de 2015).

L’expertise souligne que le prix de l’alcool, sa disponibilité ou encore les normes relatives à sa consommation, sont associés à des perceptions positives et donc incitent à boire. Elle montre que, au-delà de facteurs individuels, le marketing de l’alcool (produit, prix, publicité, accès au produit) influence les niveaux et modes de consommation et joue un rôle primordial dans les comportements d’alcoolisation des jeunes. Internet et les réseaux sociaux où la publicité est peu régulée sont particulièrement investis par les producteurs d’alcool.

Les recommandations des experts touchent les questions de loi et de réglementation de la vente, de communication et d’interventions à considérer.

 

Pour le durcissement de la loi Évin sur la régulation de la publicité et l’encadrement de la vente d’alcool

En France, la loi Évin de 1991 encadre la lutte contre les dommages liés à la consommation d’alcool (et de tabac) mais, les experts constatent que, dans sa version actuelle, en plus de n’être pas toujours respectée, elle a été considérablement modifiée et affaiblie sous l’effet du lobbying des producteurs d’alcool.

Le groupe d’experts recommande notamment de réduire l’attractivité de l’alcool et les messages positifs diffusés, de limiter son accès :

  • renforcer la loi Évin pour interdire la publicité sur internet, dans l’espace public et contrer les effets du marketing par une meilleure visibilité des avertissements sanitaires.
  • augmenter le prix (taxation par gramme d’alcool comme pour la taxe soda, ou prix minimum comme en Écosse), le vin est par exemple très peu taxé
  • contrôler mieux et automatiquement son accès aux mineurs
  • réduire sa disponibilité (plage horaire de vente et nombre de commerces ou de licences)

 

Pour une communication renforcée des autorités et une éducation à la santé à destination du grand public

Le groupe d’experts recommande l’utilisation de messages de prévention, destinés à l’ensemble de la population, compréhensibles, spécifiques et faciles à mettre en application et déclinés pour permettre leur diffusion numérique. Ces messages doivent également être adaptés lorsqu’ils sont créés à destination des groupes les plus vulnérables.

Selon l’expertise collective, il convient de rappeler :

  • les repères de consommation à risque faible[2],
  • le zéro alcool, particulièrement pendant la grossesse et la période pré-conceptionnelle,
  • la plus grande vulnérabilité biologique des femmes vis-à-vis de l’alcool,

L’expertise souligne un enjeu prioritaire pour la prévention est le renforcement :

  • des facteurs de protection dès le début du parcours de vie des individus. Des interventions de prévention de la consommation visant à renforcer les connaissances et les « compétences » des usagers sont à développer, en particulier par une communication digitale.
  • des facteurs génériques de protection telles que les compétences parentales et les compétences psychosociales : des interventions de ce type sont efficaces en milieu scolaire, auprès des parents ou des familles, et en milieu du travail.
  • des avertissements sanitaires et favoriser les campagnes d’arrêt de la consommation, à l’image de l’opération « Dry January » (mois sans alcool), dont les bénéfices (et le faible coût) ont été démontrés.

 

Pour des interventions d’amélioration et d’adaptation du diagnostic et de la prise en charge

Les experts suggèrent que ces actions de prévention soient complétées par une stratégie de dépistage systématique d’une consommation d’alcool à risque afin de permettre si nécessaire, une prise en charge adaptée. L’expertise propose alors que soit mise en place une meilleure formation des professionnels de soins primaires aux stratégies de dépistage et aux différentes méthodes d’intervention efficaces.

Ainsi le groupe d’experts préconise :

  • des « interventions brèves » dispensées par un personnel formé, qui consistent en un conseil personnalisé minimal et s’adressent à des personnes qui ont un usage à risque ou sont en difficulté avec leur consommation. Elles sont souvent associées de façon bénéfique au dépistage et ont un rapport coût-efficacité positif clairement établi. Ces interventions peuvent être utilisées sur des supports électroniques adaptés aux interventions en collectivité (écoles, armée…).
  • un renforcement de la qualité du suivi sur le long terme des patients dépendants à l’alcool pour éviter la rechute, favorisant des stratégies thérapeutiques efficaces (psychothérapeutiques, médicamenteuses, de remédiation cognitive, de réhabilitation sociale et de prise en charge des comorbidités).

L’expertise collective conclut que les conséquences sanitaires, sociales et financières très importantes de la consommation d’alcool même à de faibles niveaux, représentent un fardeau pour la société française sans pour autant que les moyens alloués pour les contrer soient à la hauteur des enjeux. Les mesures préconisées dans  cette expertise, destinées à la population et aux pouvoirs publics devraient pouvoir s’inscrire au cœur d’une politique de réduction des risques et des dommages basée sur une réduction des consommations.


Sources Inserm. Réduction des dommages associés à la consommation d’alcool. Collection Expertise collective. EDP Sciences, 2021. 4 juin 2021



Experts et auteurs :
Guillaume AIRAGNES, AP-HP. Centre – Université de Paris, Département MédicoUniversitaire de Psychiatrie et Addictologie, Paris ; Inserm, UMS 011 Cohortes épidémiologiques en population, Villejuif
Christian BEN LAKHDAR, LEM (UMR CNRS 9221), Université de Lille, Faculté des sciences juridiques, politiques et sociales (FSJPS), Lille
Jean-Bernard DAEPPEN, CHUV Centre hospitalier universitaire vaudois, Lausanne, Suisse
Karine GALLOPEL-MORVAN, École des hautes études en santé publique (EHESP), Rennes
Fabien GIRANDOLA, Laboratoire de Psychologie Sociale (LPS, U.R. 849), Institut Créativité et Innovations (InCIAM), Aix-Marseille Université, Maison de la Recherche, Aix-en-Provence
Valérie LALLEMAND-MEZGER, Université de Paris, Épigénétique et Destin Cellulaire (UMR 7216), CNRS, Paris
Louise LARTIGOT, Sciences Po Saint-Germain-en-Laye, Centre de Recherches Sociologiques sur le Droit et les Institutions Pénales (CESDIP), Saint-Germain-en-Laye
Jean-Michel LECRIQUE, Santé publique France, Saint-Maurice
Maria MELCHIOR, Institut Pierre Louis d’Épidémiologie et de Santé Publique, Inserm, Sorbonne Université UMRS 1136, Paris Mickaël NAASSILA, Inserm UMR 1247 – GRAP (Groupe de recherche sur l’alcool et les pharmacodépendances), Centre Universitaire de Recherche en Santé, Université de Picardie Jules Verne, Amiens
Pierre POLOMENI, Service d’Addictologie, Hôpitaux Universitaires Paris Seine-Saint-Denis, Sevran Marie-Josèphe SAUREL-CUBIZOLLES, Inserm U 1153 - EPOPé, Hôpital Tenon, Paris


[1] En établissant l’association entre des variations génétiques associées spécifiquement à un trait biologique d’intérêt et en mesurant leurs effets sur le risque de maladies, la randomisation mendélienne permet d’établir une relation de cause à effet entre des traits biologiques et le risque de maladies.

[2] Santé publique France : pas plus de 2 verres/j et pas tous les jours