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Selon les perspectives démographiques de l'Insee en France, il y aura trois fois plus de personnes âgées de 75 ans et plus, et quatre fois plus de personnes de 85 ans et plus en 2050 qu'en 2010 soit, respectivement 11,6 millions et 4,8 millions.
La maladie d'Alzheimer (MA) est une pathologie neurodégénérative associée au vieillissement, dont la prévalence augmente considérablement avec l'âge. Les données actuelles permettent d'estimer que 18 % des sujets âgés de plus de 75 ans, soit environ 800 000 à un million de personnes, sont atteintes de démence. On dénombre plus de 150 000 nouveaux malades par an et ces chiffres vont doubler dans les vingt ans à venir en raison du vieillissement de la population. Ainsi, la maladie d'Alzheimer prend l'apparence d'une catastrophe épidémiologique annoncée, car elle réduit significativement l'espérance de vie avec une survie moyenne estimée à huit ans à partir du diagnostic.
Comme elle engendre à court terme une dépendance physique et intellectuelle majeure, son impact social et personnel va profondément modifier l'organisation de nombreuses familles. Tout ce qui concoure donc à un meilleur dépistage et à une prise en charge précoce va dans le sens d'une amélioration de la vie des patients et de leur famille.
La maladie d'Alzheimer est '“une affection neurodégénérative du système nerveux central caractérisée par une détérioration durable et progressive des fonctions cognitives et des lésions neuropathologiques spécifiques. L'évolution naturelle de la maladie conduit à la démence, laquelle est une détérioration des fonctions cognitives suffisamment sévère pour retentir sur la vie quotidienne du patient. Elle s'accompagne d'une désorganisation de la personnalité.'”
La maladie d'Alzheimer est caractérisée cliniquement par le développement progressif d'une démence où dominent les troubles de la mémoire, l'atteinte du langage et les fonctions intellectuelles qui permettent d'agir, de savoir, de penser. Le diagnostic est donc d'abord clinique, par l'observation de la famille confirmée par l'examen médical. En dehors des tests cliniques de mémoire, les examens complémentaires n'auront d'utilité que pour éliminer une autre cause.
Les spécialistes ont mis au point des tests mnésiques comme le Mini Mental Score (MMS). Ils permettent de confirmer la dégradation mentale et donnent des repères pour évaluer la vitesse d'évolution.
L'imagerie (scanner, IRM, scintigraphie) permet d'éliminer les causes organiques : tumeurs, accidents vasculaires cérébraux, hématome sous-dural chronique, méningiome'… Il faut savoir que le scanner peut montrer une dilatation globale des ventricules et une atrophie diffuse à prédominance de certaines structures cérébrales. De la même façon, l'électroencéphalogramme est généralement altéré. La biologie cherche les autres origines possibles: hypothyroïdie ou maladie de Biermer (syndrome neuro-anémique) due à une carence en vitamine B12. Ces examens ne sont donc pas d'indication initiale.
La distinction dépression / maladie d'Alzheimer est difficile, car l'expression des symptômes est souvent très proche. Comment distinguer un ralentissement moteur ou les difficultés de concentration de la dépression des troubles de mémoire ou de la désorientation de l'Alzheimer ? C'est le bon sens des médecins qui fait la différence et le suivi régulier qui affine le diagnostic petit à petit, d'autant plus que le patient atteint d'Alzheimer peut être dépressif.
D'évolution rapide, la phase initiale est caractérisée par une tendance aux oublis. Ceux-ci passent souvent pour des pertes de mémoire dues à l'âge et sont donc souvent négligés. Ce n'est que quand les malades ont du mal à se souvenir des événements récents que le patient et son entourage s'inquiètent.
A un deuxième stade, il existe une désorientation temporelle et spatiale : les patients ont tendance à se perdre dans des endroits qu'ils connaissent. Ils perdent leurs repères dans le temps, d'où l'apparition de difficultés à se prendre en charge. Les traits de personnalité s'exaspèrent et les relations deviennent difficiles. D'où angoisse et dépression. Puis, les troubles du langage s'installent progressivement : le malade participe de moins en moins aux conversations. Son raisonnement se trouve atteint et il finit par ne plus prendre d'initiatives.
La troisième phase voit survenir une désorganisation et une confusion mentale sévères avec hallucinations. Le sujet, à ce stade de la maladie, peut oublier de manger, perd le contrôle de sa vessie et de ses intestins. Il devient grabataire. Peu à peu s'installent des troubles phasiques (langage), praxiques (gestuelle), gnosiques (reconnaître des objets par exemple), une atteinte des fonctions exécutives (penser de façon abstraite, planifier, organiser).