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L’hiver est là avec son florilège de soucis de santé. Ce matin, je me réveille avec un mal de gorge terrible. Mon premier réflexe est de me rendre chez mon pharmacien pour me procurer de quoi calmer la douleur. Comme je lui demande s’il ne serait pas préférable d’aller consulter mon médecin pour qu’il me prescrive des antibiotiques, celui-ci me répond : «Avant de vous mettre sous antibiotiques, il convient de savoir si votre angine est due à une infection virale ou bactérienne ».
Il m’explique alors que sur les 9 millions de cas annuels d’angine en France, 80% sont dûs à des virus et donc, ne nécessitent pas un traitement antibiotique. «Cela ne servirait à rien, car ces médicaments ne sont efficaces que contre les infections bactériennes. De plus, vous le savez, nous devons les utiliser à bon escient pour lutter contre l’antibiorésistance. » En effet, les bactéries s’adaptent et résistent aux antibiotiques quand ils sont trop fréquemment utilisés. Il convient donc d’en réserver la prescription aux maladies, où ils sont indispensables.
« Mais alors, lui-dis-je. Dans mon cas, comment savoir si mon angine est d’origine bactérienne ou virale ?
- Rien de plus simple, me répond mon pharmacien. Nous allons procéder à un test rapide qui permettra de déterminer l’origine de votre mal de gorge. » Il me fait alors passer dans une petite pièce à l’arrière de son officine, dit espace de confidentialité. Après s’être lavé les mains, mis sa blouse, un masque et des gants, il réalise un prélèvement au fond de la gorge à l’aide d’un petit écouvillon, une sorte de grand coton tige, et m’annonce que nous aurons le résultat dans quelques minutes. Tout s’est fait rapidement et sans aucune douleur.
Cinq minutes plus tard, mon pharmacien m’annonce que mon mal de gorge est viral. Inutile donc d’alourdir le planning du médecin. Il me conseille un traitement symptomatique pour gérer au mieux la douleur. « Et si le test avait révélé une angine bactérienne ? - Je vous aurai alors invité à prendre rendez-vous avec votre médecin pour qu’il mette en place un traitement antibiotique, me dit-il. Je vous aurai aussi donné une lettre précisant que le test rapide d’orientation diagnostique de l’angine à streptocoque du groupe A, réalisé dans ma pharmacie, s’est révélé positif. »
De plus, le test est maintenant pris en charge par l’Assurance maladie depuis le 1er janvier 2020. Il suffit donc de se présenter spontanément à la pharmacie. Pour tous, c’est un gain d’efficacité. Plus de traitement antibiotique pour rien et du temps gagné pour le patient comme pour le médecin.
De nombreux autres tests sont maintenant disponibles à l’officine, comme les tests d’évaluation de la glycémie, pour repérer une glycémie anormale, ou les tests d’orientation diagnostique de la grippe. On parle aussi de plus en plus de généraliser une expérimentation réalisée en Occitanie avec le test rapide pour détecter le virus de l’hépatite C.
Par sa proximité, l’officine s’inscrit pleinement dans la prévention et le dépistage. Et à chaque fois, les pharmaciens, en professionnels de santé consciencieux, se forment et s’adaptent pour assurer au mieux leurs nouvelles missions.