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Bonne santé par Zoé Xiun
Le bilan lipidique est l’exploration d’une anomalie lipidique (EAL). Il fait partie de l’évaluation régulière du risque cardiovasculaire global. Une EAL se pratique en prévention primaire (avant toute maladie cardiovasculaire ou lors d’antécédents familiaux de ces maladies) : au tournant de la maturité (35-40 ans), à l’entrée en 3e âge (60-65 ans), mais plus après 80 ans. Elle entre dans le bilan d’une maladie installée (angine de poitrine, infarctus myocardique, AVC, artérite).
Le bilan se pratique à distance de perturbations transitoires (infection, opération, infarctus, grossesse) par prélèvement veineux au pli du coude ou sur goutte de sang déposée sur un buvard (test rapide). La Haute Autorité de Santé (HAS) recommande d’être à jeun, mais de nombreux pays européens ne l’exigent plus car, selon les données scientifiques, les résultats ne diffèrent pas selon le moment de la journée et les repas.
Si le résultat est dans la norme, pas de nouveau bilan avant 5 ans. Hors des normes, il faut le confirmer par un autre prélèvement dans la foulée.
1- Le cholestérol total circule dans le sang lié à plusieurs protéines. De ces lipoprotéines de transport on dose essentiellement le cholestérol des HDL (high density lipoprotein) et le cholestérol des LDL (low density lipoprotein). Le total dosé est normalement inférieur à 2 g/L (5,2 mmol/L).
2- Le cholestérol-HDL élimine le cholestérol en excès. Pour cette raison on l’appelle le bon cholestérol. Il est mesuré directement et/ou rapporté au cholestérol total en pourcentage. Il est bon si supérieur à 0,60 g/L (1,5 mmol/L).
3- Le cholestérol-LDL transporte le cholestérol qui se dépose dans les organes. Facteur d’encrassement, c’est le mauvais cholestérol qui participe au risque cardiovasculaire global. Il sert de référence à l’efficacité des traitements hypolipémiants. On le calcule à partir du cholestérol total, du C-HDL et des triglycérides, si ceux-ci n’excèdent pas 3,4 g/L sinon il faut le doser. La HAS le tolère inférieur ou égal à 1,90 g/L (4,9 mmol/L) s’il n’y a aucun autre facteur de risque.
4- Les triglycérides reflètent la réserve graisseuse de l’organisme et les apports alimentaires en calories. Pas dissociés de la glycémie, ils justifient la prescription conjointe de celle-ci. Ils sont normalement inférieurs à 1,5 g/L (1,7 mmol/L).
La HAS a fixé les valeurs d’intervention médicale selon le C- LDL et le score global cardiovasculaire (dyslipidémie + surpoids/obésité + tabagisme + diabète + antécédents familiaux) qui intègre l’âge à partir de 40 ans. Avec un seul risque (l’âge suffit) le C-LDL doit rester sous 1,3 g/L (3,4 mmol/L). Deux risques, c’est la barre de 1 g/L (2,6 mmol/L) qu’il ne faut pas franchir. Dur, dur…
Le cholestérol est la base des membranes cellulaires et d’hormones indispensables (cortisol, hormones sexuelles). Il n’est pas question de s’en passer. L’organisme en fabrique deux tiers (profil génétique), l’alimentation apporte le tiers restant. Un régime ne peut donc résorber une franche hypercholestérolémie à lui tout seul.
Les troubles lipidiques en France
Selon le Bulletin Epidémiologique Hebdomadaire (6 novembre 2018), en 2015 un cholestérol LDL (LDL-c) supérieur à 1,6 g/L affectait 19,3% des adultes ; 6% d’entre eux avaient un LDL-c supérieur à 1,9 g/L. La moyenne des adultes était à 1,30 g/L dans les deux sexes. Chez les 18-74 ans, 10,9% des hommes et 6,7% des femmes s’étaient vus prescrire au moins une fois un traitement hypolipémiant au cours de l’année précédente. Préoccupant !