N° en cours : 161
Par Théodore Crosnier
Quand je présente une ordonnance à mon pharmacien, je ne suis nullement surpris qu’il me délivre les formes génériques des médicaments prescrits par mon médecin. La substitution est désormais habituelle et nous savons tous que cela contribue fortement à la baisse du coût de la prise en charge de notre santé. La substitution repose sur le fait qu’une fois le brevet protégeant un médicament princeps tombé, le pharmacien peut le remplacer à condition que cela soit prévu par les pouvoirs publics.
C’est ainsi que près de 90 % des médicaments délivrés en officine sont des génériques. Tout le monde est gagnant sans que cela nous nuise. Il existe des médicaments qui pourraient eux-aussi être substitués par les officinaux. Il s’agit des médicaments biologiques. Ces biomédicaments sont obtenus par un procédé biotechnologique qui implique une source biologique. Ils sont produits à partir d’une cellule, d’un organisme vivant ou dérivé de ceux-ci.
« Un médicament biosimilaire, m’explique mon pharmacien, est similaire à un médicament biologique de référence qui a été autorisé en Europe depuis plus de 8 ans et dont le brevet est tombé dans le domaine public. Son efficacité et ses effets indésirables sont absolument équivalents à ceux de son médicament biologique de référence ». Son Autorisation de Mise sur le Marché (AMM) répond aux mêmes exigences réglementaires strictes pour démontrer que sa qualité, son efficacité et ses effets indésirables sont identiques à ceux du médicament biologique de référence.
Mon pharmacien poursuit son explication, « actuellement, il est possible pour le médecin de changer un médicament biologique par un autre, à condition que celui-ci figure sur la liste des médicaments biosimilaires. C’est ce qu’on appelle l'interchangeabilité. Ce changement doit être décidé entre le médecin et le patient ».
La préparation d’un médicament biosimilaire repose sur une suite de réactions biologiques qu’il faut être capable de reproduire et de contrôler pour garantir une parfaite similarité avec son biomédicament de référence. « Des laboratoires pharmaceutiques, et parmi eux des laboratoires de génériques, fabriquent des biosimilaires qui en termes de qualité et de sécurité montrent la même efficacité, me dit mon pharmacien. Ils sont répertoriés dans une liste de référence ».
L’utilisation des biosimilaires repose sur les mêmes principes que ceux qui ont permis le développement des génériques. L’intérêt est double, de santé publique et économique. D’une part, cela facilite l’accès aux soins car un plus grand nombre de médicaments biologiques disponibles garantit aux patients le maintien de l’accès à leurs traitements. D’autre part, la concurrence induit une baisse des prix des médicaments tout en garantissant la sécurité et la qualité des traitements. La différence de prix avec le médicament de référence est très importante.
Actuellement, seul le médecin autorisé à prescrire le médicament biologique de référence peut prescrire le médicament biosimilaire dans le cadre d’une décision partagée avec le patient. « L’ordre de pharmaciens, nos représentants et même la Sécurité sociale, tous sont favorables au fait que nous puissions pratiquer une substitution biosimilaire pleine et entière en officine. Mais, cela ne sera possible qu'après publication d'un décret ou d’une loi dans les prochains mois », espère mon pharmacien. En tant que professionnel de santé et spécialiste du médicament, le pharmacien est bien évidemment apte à remplir cette mission.