La constipation et ses raisons


VPVC166 – Septembre Octobre 2021 – Votre Pharmacien Vous Conseille

Par Zoé Xiun

Très fréquente chez l’adulte, elle mérite quelques explications pour ne pas molester notre deuxième cerveau, l’intestin, par l’ignorance du premier, haut perché.

 

 

La constipation n’est prise en considération que lorsqu’elle est chronique : moins de trois selles hebdomadaires pendant 6 mois et plus (critère international Rome III). L’arrêt temporaire de selles est souvent lié à un événement ponctuel : gardes en tous genres (dont celle des petits-enfants), manque de WC dignes, repas sautés, alimentation sans résidus (pizzas devant la télévision). Une cause majeure (occasionnelle ou chronique) doit être traquée, surtout chez les personnes âgées : les effets indésirables des médicaments (encadré). Quand ils sont bien appréciés, le bilan médical (spécialisé s’il le faut, chez le gastro-entérologue) recherche une origine cancéreuse d’abord. Pour l’éliminer.

 

Crainte du crabe à relativiser

 

Le dépistage organisé du cancer du côlon par le test du sang dans les selles tous les deux ans de 50 à 74 ans reflète l’inquiétude sanitaire face aux cancers. Toutefois la constipation chronique touchant 15-16% de la population adulte et un tiers des plus de 60% (estimations), on est loin de diagnostiquer autant de cancers, de tumeurs bénignes ou d’anomalies de l’intestin ! En fait, l’intestin bloque ou ralentit la progression du bol fécal en modifiant sa motricité, en lien avec l’activité cérébrale. Car la constipation n’est pas une paresse digestive. C’est au contraire une hyperactivité des muscles lisses propulseurs des fécès. En clair, l’intestin rumine ! Nombre d’anxieux vont s’y retrouver…

 

Gare à la fausse diarrhée

 

Des selles dures irritent l’intestin terminal, qui secrète du mucus et de l’eau pour les faire les passer. Cette sécrétion s’échappe facilement par l’anus mais pas toujours le bouchon causal. On croit à tort à une diarrhée que l’on combat naïvement par des mesures constipantes et des médicaments qui renforcent le bouchon fécal. Au pire, les selles agglomérées en fécalome, inexpugnable par l’anus, stagnent en dépit de la sécrétion de mucus digestif ou de n’importe quel laxatif. La consultation médicale confirme le diagnostic et permet sa fragmentation en morceaux évacuables par l’anus.

 

Les mesures protectrices

 

Il y a débat sur les moyens de relâcher l’hypermotricité digestive et ramollir les selles. On peut conseiller une alimentation bien hydratée, diversifiée, avec un minimum de légumes et de fibres surtout crues : mais pas trop et pas d’un seul coup. Car les fibres irritent, donnant la colique et des flatulences aux constipés de nature. L’exercice physique quotidien mais pas trop intense (risque de déshydratation) a le mérite de distraire la personne de ses selles et d’abaisser le stress émotionnel.

Il faut surtout apprendre à l’intestin à se vider tous les matins à heure fixe en se levant assez tôt pour réveiller le corps. Puis le petit-déjeuner bien hydraté (50 cl au moins pour combler la déshydratation nocturne) stimule le réflexe de défécation dans l’heure qui suit. Une heure ?! Soit bien plus que ce qu’on s’accorde avant la journée de travail. C’est une nouvelle vie à installer, qui ne peut que profiter à la santé, mentale et physique.

 

Médicaments et transit
Les médicaments agissant sur le cerveau constipent fréquemment et sévèrement (couple neurochimique) : antalgiques (opiacés, codéine), antitussifs (codéine), antidépresseurs et antipsychotiques, antiparkinsoniens et anti-épileptiques. Les anti-diarrhéïques sont très/trop efficaces et les anti-histaminiques les imitent sur ce point. Attention aux diurétiques et médicaments anti-cholestérol. Prenez conseil auprès de votre pharmacien si le prescripteur ne vous a rien expliqué.