Le maintien à domicile passe par la pharmacie


VPVC166 – Septembre Octobre 2021 – Votre Pharmacien Vous Conseille

Par Théodore Crosnier

 

Le nombre des 75-84 ans va atteindre 6 millions de personnes en 2030. La grande majorité voudra rester dans son habitation, il est donc absolument nécessaire d’anticiper cette évolution et de préparer l’adaptation au vieillissement chez soi. Parce qu’il est -et doit demeurer- un acteur de proximité, le pharmacien constituera un professionnel de santé incontournable dans cette future organisation.

 

« Quand je pose la question à mes patients les plus âgés sur leur désir de demeurer dans leur maison, m’explique mon pharmacien, la réponse est toujours la même : oui, tant que c’est possible, je souhaite rester chez moi. J’y suis bien et heureux. Rien que l’idée de partir dans un établissement me casse le moral. Alors, avec toute l’équipe officinale, nous nous mobilisons pour leur permettre de vivre ainsi le plus longtemps possible

 

Si les EHPAD (établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes) constituent des solutions incontournables pour accompagner certaines personnes pendant leurs dernières années, ils ne peuvent en aucun cas servir de solutions pour toutes. D’une part, le vieillissement de la population dans le futur sera tel que ces services ne pourront pas accueillir tout le monde. De plus, toutes les études le montrent, on vieillit mieux chez soi et enfin, même si c’est plus difficile, la volonté d’être chez soi, libre et indépendant est unanime.

 

Pour répondre à cette évolution, il faut donc que notre société trouve des solutions. Cela passe par des propositions de services à domicile, l’adaptation des logements, des équipements matériels et par des mesures de prévention. « Nous devons agir pour éviter tout ce qui risquerait d’empêcher un patient de rester chez lui, note mon pharmacien. Par exemple, les chutes provoquent chaque année des milliers d’hospitalisations et des pertes d’autonomie définitive. Pour les éviter, des travaux sont à prévoir au sein du logement, notamment dans la salle de bain. Il est possible aussi de mettre en place des systèmes de surveillance pour réagir rapidement dès qu’un incident survient ».


Outre l’aspect pratique, il convient aussi de maintenir les liens sociaux. L’isolement accentue la perte d’autonomie. C’est pourquoi, les commerces de proximité, comme la pharmacie, sont à préserver. Pour beaucoup, ils représentent une rencontre, un partage, un dialogue. Avec la diminution du nombre de médecins, c’est avec le pharmacien que nous pouvons parler de nos préoccupations, de nos soucis, de notre santé.

 

«  Notre rôle est de faciliter le quotidien de nos patients âgés, remarque mon pharmacien. Pour leur simplifier la vie, nous avons réorganisé la pharmacie avec un accès facile, des rayons bien éclairés, des chaises pour s’assoir et un espace plus intime où ils peuvent échanger en toute tranquillité.»

 

Cela sous-entend, une meilleure organisation de la pharmacie. Ainsi, tout le temps gagné sur l’administratif va être consacré aux échanges humains. De la même manière, il faut penser à la pénibilité des déplacements, d’où l’intérêt de la livraison à domicile. Cela peut rendre service si un patient âgé vient à la pharmacie, il rentre alors chez lui sans se charger de ses achats. Quand un malade ne peut pas se déplacer, le télésoin et le portage des médicaments s’avèrent très utiles. « Grâce à un contact direct chez elle, insiste mon pharmacien, la personne isolée se sent bien prise en charge. Sur place, nous nous rendons compte des conditions réelles de vie de nos patients. Ainsi, nous pouvons prévenir le médecin, l’infirmière ou les services de la mairie si nécessaire. Voilà pourquoi, la pharmacie de proximité doit impérativement être sauvegardée, pour qu’elle poursuive ses missions de santé et de lien social. »