Le jeûne intermittent


VPVC167 – Novembre Décembre 2021 – Votre Pharmacien Vous Conseille

Par Zoé Xiun

Le jeûne intermittent trouve progressivement sa place dans le traitement et la prévention des maladies chroniques métaboliques. Mais sous contrôle de son médecin de préférence !

 

Le jeûne est une abstention d’alimentation solide, qu’on peut durcir en jeûne hydrique sans boisson, rapidement fatal chez le commun des mortels donc exclu ici. Intermittent, il consiste à espacer la nourriture dans la journée, dans la semaine ou le mois. Deux options sont à la mode : 1) au moins 16 heures entre le dernier repas de la journée et le premier du jour suivant ; 2) un ou plusieurs jours par semaine sans alimentation

Les bénéfices en sont débattus en raison de la difficulté d’études cliniques rigoureuses.1 Le conseil du médecin est indispensable car le jeûne modifie l’absorption des médicaments donc leur effet.

 

Le jeûne intermittent « quotidien »

La mise au repos digestif ménage le foie, le pancréas, et le microbiote. Elle reproduit le régime de notre ancêtre Cro-Magnon qui devait chasser/cueillir son « déjeuner » (repas rompant le jeûne du sommeil) avant de le manger. L’abstention de nourriture mais avec hydratation normale (eau sans sucre) dure au moins 14 heures et jusqu’à 18 heures. Soit : « 14/10 » (14 heures jeûnées, 10 heures pour s’alimenter) « 16/8 » ou « 18/6 ». Cela revient à sauter le petit-déjeuner pour certains horaires (heurtant le credo habituel) ainsi qu’à avancer le déjeuner et/ou le dîner.

Puisque les calories absorbées à partir de 15-16 heures, le soir et la nuit font du gras à tout va, on comprend la logique de ce jeûne sur le poids. Des résultats réels sont observés contre le diabète métabolique de type 2 et le pré-diabète (syndrome métabolique) ainsi que sur le contrôle du poids et l’amaigrissement. Ils valent ceux d’un régime restrictif standard… sans la restriction. Car on mange ce qu’on veut le reste de la journée. La perte de poids tourne autour de 5%.

La glycémie se régularise et on restaure la sensibilité à l’insuline (réduction du prédiabète) sans goinfrerie réactionnelle. Le sucre étant l’aliment inflammatoire par excellence, et les réserves de graisse étant des usines à inflammation, ce jeûne intermittent lutte contre les maladies inflammatoires chroniques (arthrite, arthrose), modestement mais cela peut suffire à améliorer la qualité de vie.

 

Le jeûne intermittent « hebdomadaire »

On peut choisir le repos digestif une journée complète (24h) par semaine, en buvant de l’eau ou des tisanes (sans sucre). C’est le jour « zéro calorie » ou schéma « 6/1 » (6 jours normaux, 1 jour de jeûne). Le schéma « 5/2 » (5 jours normaux et 2 jours à zéro calorie qui peuvent se suivre ou pas) a beaucoup de succès aux États-Unis avec de bons effets invoqués chez les obèses, sans faim insupportable ni goinfrerie compensatrice. Et il ne trouble pas outre mesure notre physiologie forgée aux « jours sans pain » depuis la préhistoire : la nourriture accessible à tout moment date des années 1950.

Les résultats sont similaires au jeûne quotidien. Débuter avec le schéma 6/1 est prudent avec le conseil du médecin traitant pour éviter tout risque médicamenteux, avec les anticoagulants par exemple.

 

 

On s’y met ?
Une thèse de médecine récente 2 a planché sur un modèle de jeûne intermittent quotidien de 16 heures à l’usage des généralistes, contre le surpoids/obésité, le pré-diabète et le risque cardiovasculaire métabolique (graisses sanguines, athérome inflammatoire). Les horaires de nourriture seraient au choix des participants : 8 à 16 heures, 12 à 20 heures. D’autres plages horaires diurnes sont possibles…

 

 

Références

1- Evaluation de l’efficacité de la pratique du jeûne comme pratique à visée préventive ou thérapeutique. Rapport Inserm U669, 2014.

2- Perspectives de l’utilisation d’un jeûne intermittent préventif dans l’avènement des pathologies chroniques rencontrées au cabinet du médecin généraliste. Chloé Orioli, thèse de médecine, 2019, faculté de Montpellier.