La vaccination antitétanique


VPVC168 – Janvier Février Mars 2022 – Votre pharmacien vous conseille

Par Le Dr Sophie Duméry

Obligatoire chez le nourrisson, le vaccin antitétanique a fait chuter drastiquement le nombre de tétanos en France et Outre-Mer. Ce vaccin et ses rappels sont toujours combinés à d’autres vaccins.

 

 

Le tétanos est une infection souvent mortelle, parce que la bactérie responsable (Clostridium tetani) produit une neurotoxine très puissante qui attaque le cerveau. Cette bactérie est présente partout dans l’environnement sous forme de spore très résistante. Quand la spore pénètre l’organisme à l’occasion d’une plaie, elle peut s’y développer en bactérie et produire une neurotoxine qui bloque les médiateurs chimiques du cerveau. Cette neurotoxine provoque des spasmes et des contractures musculaires qui raidissent la personne de manière caractéristique et bloquent la respiration. La mort survient par asphyxie. La réanimation urgente n’est pas toujours un succès : le décès survient une fois sur quatre en France où la prise en charge est bonne.

L’incubation de la maladie varie de 4 à 21 jours. Si la bonne nouvelle est qu’il n’y a aucune contagion de l’entourage (bactérie non transmise), la maladie n’immunise pas le patient qui en sort vivant. Il n’y a donc qu’une seule solution : la vaccination !

 

Un vaccin par anatoxine

Le vaccin antitétanique est extrêmement efficace et bien toléré en injection intramusculaire. Sa seule contre-indication est une hypersensibilité constatée lors d’une précédente injection. Sont en cause le plus souvent les adjuvants du vaccin, car le vaccin lui-même est constitué d’une anatoxine : une toxine traitée pour ne plus être active mais toujours immunogène, dont la tolérance est excellente.

 

Il est obligatoire

Obligatoire chez le nourrisson depuis 1940, il fait partie de la liste élargie en 2018 à 11 vaccins obligatoires avant 18 mois, grâce à quoi la couverture vaccinale antitétanique dépasse les 99% à cet âge. Mais il ne faut pas oublier les rappels, même s’ils ne sont que recommandés. Mourir du tétanos n’a rien s’attrayant !

Le calendrier vaccinal prévoit une vaccination et des rappels, combinés avec les vaccins contre la diphtérie, la poliomyélite et la coqueluche. Soit deux injections initiales à 2 et 4 mois de vie suivies d’un rappel à 11 mois, puis à 6 ans et entre 11 et 13 ans.

Chez les adultes un rappel est nécessaire à 25, 45 et 65 ans. Ensuite du fait du déclin de l’immunité (voir encadré), il faut un rappel tous les dix ans (75, 85, 95 ans). Tous les rappels adultes sont à dose réduite et combinés : tétanos-diphtérie-poliomyélite (DTPolio- rappel trivalent), ou coqueluche en sus (DTcaPolio - rappel tétravalent). On peut ainsi faire « d’une pierre quatre coups ».

Les vaccins contre le tétanos sont délivrés sans ordonnance par le pharmacien mais ils ne sont remboursés à 65% par l’Assurance Maladie que s’ils sont prescrits par un médecin (ou une sage-femme dans certaines conditions).

 

 

35 cas en 6 ans

De 2012 à 2017 (derniers chiffres disponibles*), dans les 35 cas de tétanos déclarés, 8 en sont décédés (23%). Le nombre annuel varie mais ne dépasse pas dix cas dans cette période soit 0,05 à 0,15 cas par million d’habitants. Ceux-ci concernent d’abord des personnes âgées (71% avaient 70 ans ou plus) et plutôt des femmes (63%).

 

*BEH du 11 décembre 2018 - Santé publique France