L’hallux valgus


VPVC169 – Avril mai juin 2022 – Votre Pharmacien Vous Conseille

Par  Zoé Xiun

 

 

Ces termes latins désignent une déviation de l’articulation du gros orteil appelée vulgairement un « oignon ». Les femmes sont plus affectées, en partie à cause de leurs chaussures à haut talons qui perturbent l’équilibre subtil du pied.

 

Environ 5% de la population souffrirait d’un « oignon », saillie de la base du gros orteil vers l’extérieur ; ce chiffre est probablement plus proche de 10% si l’on prend les critères des orthopédistes (chirurgiens, kinésithérapeutes).

 

Subtilité du pied

Renoncez à l’expression « bête comme ses pieds » ! L’avant-pied qui permet de se mettre sur la pointe est une zone complexe et très élaborée. Les os, ligaments, tendons et aponévroses (structures fibreuses très résistantes) répartissent les contraintes du poids debout, lors du pas et de la course. Bien sûr, le talon prend sa part du fardeau ainsi que le bord extérieur du pied, mais l’impulsion finale du pas est donnée par le gros orteil. Sans lui, marcher se révèle très difficile, voire impossible. L’hallux valgus, en l’invalidant, provoque un vrai handicap.

 

Déviations en cascade

L’articulation entre le premier métatarsien et la première phalange du gros orteil est déviée en dehors. Au lieu d’être en face, les deux os se déplacent pour former un V bien visible. Plus ce V est fermé plus la déformation retentit sur les os voisins, les uns après les autres. La déformation articulaire du gros orteil vient gêner l’articulation du deuxième orteil, qui à son tour gêne celle du troisième et ainsi de suite. Le gros orteil finit par chevaucher le second, qui chevauche le troisième, etc. Des griffes d’orteils peuvent se former en réaction à l’effondrement de la structure plantaire. Le chaussage devenant très difficile, les conflits avec les souliers entraînent des cors, des plaies, des boursoufflures osseuses inflammatoires. La douleur n’est pas forcément en rapport avec l’importance de l’oignon. En revanche, il est toujours laid.

 

Le chaussage et l’hérédité

Les femmes sont 30 à 40 fois plus nombreuses à en souffrir car les escarpins, talons hauts et bouts pointus sont à haut risque de détruire l’harmonie du pied. Comprimé dans des chaussures époustouflantes, celui-ci ne peut assurer la marche normale plus de quelques dizaines de mètres. Le soulier sexy est un ticket pour l’hallux valgus à la quarantaine. Toutefois, porter des souliers plats ou à petits talons, à bout large pour l’aisance des orteils ne protège pas totalement. L’hérédité joue un rôle certain mais mal cerné, dans les structures élastiques/résistantes du pied (hyperlaxité). Cela explique que de jeunes filles puissent en souffrir et que l’hallux valgus accompagne souvent des pieds plats.

 

La chirurgie, au bon moment

Les angles de déviation osseuse par rapport au pied normal, et le retentissement sur la marche (douleur) permettent de distinguer un stade léger, modéré ou sévère. Bien que la chirurgie actuelle obtienne des résultats très satisfaisants, il ne faut pas s’y précipiter ; l’esthétique seule n’est pas un motif suffisant. Le stade léger peut être contrôlé par le chaussage adapté, la kinésithérapie/podologie, des attelles… Quand la situation se détériore, en revanche, il ne faut pas attendre. Le chirurgien expert ré-axe les os en en découpant des morceaux et en rétablissant la solidité des structures adjacentes. Ce « cousu main » se fait souvent en ambulatoire ; on repart avec des béquilles, une chaussure médicalisée, des antidouleurs, des consignes de cicatrisation. Si l’on peut poser rapidement le pied sans forcer, le retour au travail (et au sport) dépend de la place de la marche dans son activité.